J’ai à coeur d’oublier
Le poids du passé qui me hante.
Effacer les traces de ce qu’il s’est passé,
Interdire à tout jamais cette plaie béante,
Faire disparaître cet épisode malheureux.
J’y mets du mien, je fais au mieux,
Mais je n’y arrive que trop peu.
C’est comme un mauvais rêve
Où, actrice de ma propre tragédie,
Je suis fatiguée que le rideau se lève
Inlassablement sur ma honte la plus enfouie.
À force, je me suis mise à rêver d’amnésie
Enterrant ce triste pan de ma vie…
Mais je n’y arrive que trop peu.
J’ai sur le bout de la langue
Le fruit de ma peine encore tenace.
À ce goût amer ma raison vacille et tangue
Frappée par le déluge de mes larmes coriaces.
Ma propre faiblesse vient à me dégoûter.
J’essaye de me consoler de cette idée,
Mais je n’y arrive que trop peu.
Et voilà qu’avec les années,
Je commence doucement à me haïr.
Ma seule amie se met à son tour à me trahir
Le temps l’a fait devenir sentiment de culpabilité.
Et cette petite voix ne cesse jamais de cingler
Je fais au mieux pour ne pas l’écouter,
Mais je n’y arrive que trop peu.
C’était il y a déjà si longtemps.
Justice avait été faite en très peu de temps
L’on m’a même assuré, répété qu’il était emprisonné.
Mais quelque chose au fond de moi me refuse obstinément l’oubli.
Finalement on m’a condamnée à vivre à perpétuité,
Avec un souvenir qui lentement m’atrophie.
Mais je n’y arrive plus que trop peu…