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L’Utopie de Thomas More – Résumé et analyse

Utopia (De optimo rei publicae statu, deque nova insula Utopia) est un ouvrage de Thomas More qui a été publié en 1516 à l’approche de la Réforme protestante. Le titre complet de l’ouvrage signifie « La nouvelle forme de communauté politique et la nouvelle île d’utopie ».

C’est son œuvre principale et elle a connu un grand succès dès le départ pour deux raisons : la nouveauté du concept d’ « utopie » et sa capacité de dénonciation et de réflexion sur les mœurs de son époque.

 

Plus tard, des économistes reprendront quelques unes de ses idées en matière de conceptions économiques de la société. Par exemple, Karl Marx s’est appuyé sur ses travaux pour élaborer la théorie du communisme.

 

L’Utopie a été très tôt traduite dans de nombreuses langues et rééditée maintes fois, preuve de son succès. Le mot Utopie est créé par Thomas More et signifie « Nulle part » ou « Lieu de bonheur ». L’île d’Utopie est une sorte de contre-image positive de ce que pourrait être l’Angleterre, si elle était mieux gouvernée.

 

 

 

Construction du livre

 

Le livre est constitué de deux parties distinctes :

 

Dans la première, Thomas More, qui se présente dans son livre comme un fonctionnaire vivant à Londres, écrit une lettre à son ami, l’éditeur Peter Giles. Il souhaite que Giles publie L’Utopie. L’ouvrage constitue une chronique de l’une de leur conversation avec un homme nommé Raphaël Hythlodée qu’il a rencontré lors d’un voyage diplomatique à Anvers.

Raphaël est un grand voyageur. Il est portugais et a traversé bien des pays et des océans, aux côtés notamment d’Amerigo Vespucci, l’explorateur italien. C’est vers le Nouveau Monde et ses territoires qu’Hythlodée a découvert Utopie. Il dresse un portrait sombre et réaliste de l’Angleterre à son époque et dénonce les injustices sociales et politiques anglaises.

 

La deuxième partie est une description de l’île d’Utopie. Raphaël évoque alors l’histoire de l’île d’Utopie, sa constitution et toutes les mœurs et lois qui organisent sa société. Il passe aussi en revue les croyances des habitants ainsi que la manière dont l’économie se déploie.

 

 

 

Description de l’Utopie

 

Thomas More décrit sa société idéale : 100 000 habitants vivant sur une île. C’est une île car l’isolement sur l’extérieur est essentiel au bon fonctionnement de la société idéale.

Utopie est une île en forme de croissant qui contient cinquante-quatre villes grandes et belles où la langue, les lois, les mœurs et les institutions sont identiques. Ces villes sont bâties sur le même plan et ont les mêmes établissements publics.

La capitale est Amaurot parce qu’elle est le siège du gouvernement et du sénat. Elle est située au centre de l’île.


Les utopiens ont aboli la propriété privée et appliquent le principe de la possession commune. Ils doivent changer de maison tous les dix ans et tirent au sort leur nouvelle demeure.

Les religions sont multiples et coexistent, mais la plupart des utopiens sont monothéistes et reconnaissent un Dieu immense et inexplicable qu’ils appellent “Père”. Les prêtres sont des magistrats élus par le peuple, au scrutin secret, et sont dirigés dans chaque cité par un pontife. Ils peuvent se marier et les femmes ne sont pas exclues du sacerdoce, pourvu qu’elles soient veuves et d’un âge avancé.

 

Il n’y a pas de monnaie, chacun se sert au marché en fonction de ses besoins. Toutes les maisons sont pareilles. Il n’y a pas de serrure et tout le monde est obligé de déménager tous les dix ans pour ne pas s’enraciner.

L’oisiveté est interdite. Pas de femmes au foyer, pas de prêtres, pas de nobles, pas de valets, pas de mendiants. Cela permet de réduire la journée de travail à 6 heures.

Tout le monde doit accomplir un service agricole de deux ans. En cas d’adultère ou de tentative d’évasion d’Utopie, le citoyen perd sa qualité d’homme libre et devient esclave. Il doit alors travailler beaucoup plus et obéir.

 

La famille est préservée et honorée, l’adultère est puni du plus dur des esclavages et de mort en cas de récidive. Avant le mariage, la chasteté est de rigueur et l’examen prénuptial est exigé.

 

 

 

Interprétation

 

En apparence, dans la description qu’en fait Raphaël, Utopie est un lieu parfait.

La perfection de l’île passe uniquement par l’uniformisation de tous ses éléments, à la fois géographiques, architecturaux et humains. Mais il n’y a pas de diversité, les habitants mènent tous la même existence, travaillent le même nombre d’heures et vivent dans les mêmes maisons.

Les cinquante-quatre villes ont « exactement la même langue, coutumes, institutions et lois ». Comme le rappelle Hythlodée, une fois que l’on a vu une ville, on les a toutes vues.

 

On voit alors que l’apparence idéale d’Utopie a un prix : celle de la destruction de l’expression individuelle.

Cette œuvre à de nombreuses contradictions. Par exemple, pour empêcher les conspirations contre la liberté, on condamne à la peine de mort ceux qui discutent des affaires publiques en dehors du Sénat.

Pour gérer la surpopulation, on s’accapare les terres d’autres peuples après les en avoir chassé.

Les habitants disent ne pas faire la guerre, uniquement pour se défendre, ou pour défendre ses alliés, ou pour renverser un tyran, ou encore pour laver une injure, se venger d’un pillage…

 

 

 

Rôle de l’Utopie


Thomas More rappelle à la fin de l’ouvrage que ce n’est pas un lieu réel, mais bien un espace imaginaire visant à nous faire réfléchir. D’autres indices viennent confirmer cela à travers l’ouvrage :

  • « Utopie » signifie soit « le lieu qui n’existe pas », soit « le lieu de bonheur » selon son étymologie grecque.
  • « Abraxa » désigne l’île des fous dans un livre d’Erasme intitulé L’Éloge de la folie.
  • Le nom de la capitale Amaurot signifie « fantôme »

 

Le but de Thomas More, comme il le souligne à la fin de l’ouvrage avec humour, est de publier un livre qui s’apparente à de la « médecine enrobée de miel ».

Soigner une société avec légèreté, humour, réfléchir d’une manière différente : voici toute l’idée, et toute la force de l’œuvre utopiste.

 

 

 

Conclusion

 

On qualifie aujourd’hui d’utopique ce qui est irréalisable. Paradoxalement, les écrivains comme Thomas More qui ont illustré le genre littéraire de l’utopie, du 16ème au 18ème siècle, avaient pour ambition, en critiquant l’ordre existant et en proposant de le réformer en profondeur, de réaliser quelque chose de possible.

Thomas More espère, en dressant le tableau de la cité idéale, rappeler à chacun, gouvernants ou gouvernés, la voie du Bien commun. L’inégalité des richesses et l’intolérance religieuse sont les principales cibles de sa critique.

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Adrien Moyaux

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